mercredi 27 mars 2024

Louis Omer-Decugis, entrepreneur, philanthrope, généreux.

Le 13 février 2024, Olivier Devergne nous a fait part du décès de Louis Omer-Decugis, que beaucoup d'entre nous connaissions et apprécions.

"Chers amis,
Au jubilé - 2016
 
Même à nos âges…, on ne s’habitue jamais aux mauvaises nouvelles.
Louis Omer-Decugis nous a quittés.
Ma femme et moi nous souvenons de l’accueil que Jacqueline et Louis nous avaient réservé, fait d’attentions, de prévenance et de gentillesse, lors de la préparation du jubilé de notre promotion en 2016, où ils nous avaient ouvert leur porte pour une journée inoubliable.
Amitiés à tous"
Olivier Devergne

 

Nombreux de la promo 66 sont ceux qui, émus par cette triste nouvelle, ont partagé avec nous souvenirs et anecdotes.

Michel Roux
"Pour une triste nouvelle, c'est une triste nouvelle.
Je me souviens très bien aussi de la réception des Omer-Decugis chez eux : un moment qui reste dans les mémoires !
Amitiés"

Jean-Pierre Lemiesle
"Incroyable !
Lui si costaud ;
Je garde le souvenir de la PMS où c’était toujours lui qui portait le fusil-mitrailleur et on faisait les 400 coups ensemble.
Puis on s’est malheureusement perdu de vue.

Michel Tardieu
"C’est une grande émotion.
Nous ne voulons pas nous habituer à cette répétition de tristes nouvelles que le franchissement des 80 ans risque d’accélérer. 
Nous avons partagé avec Louis pendant 3 ans le même comptoir et, même si nous n’étions pas intimes, je garde de grands souvenirs de nos échanges et des soirées de comptoir qu’il avait organisées à Ville d’Avray."

Jean-Christian Maisons
"Oui, ça fait de la peine de perdre un camarade, même à nos âges.
Je suis aussi allé au jubilé de notre promotion et j'ai été très heureux de revoir Louis à cette occasion.
Il se trouve qu'il a été le camarade que j'ai consulté quand je suis entré à IBM, mon premier emploi. Je devais élaborer une démonstration à l'attention du CTIFL et il m'a reçu en toute simplicité avec sa gentillesse coutumière pour m'expliquer les tenants et aboutissants de son métier. D'une certaine façon et de façon certaine, je lui suis reconnaissant de m'être honorablement acquitté de cette mission.
Adieu Camarade !"

Michel Dumoulin nous raconte une anecdote, vivante illustration de cette expression usuelle : "le monde est petit."

"Je n'avais que peu connu Louis à l'École, et je le regrette.
Mais je me dois de rapporter une anecdote liée à son merveilleux accueil lors du cinquantième anniversaire de la promo.

Au Jubilé
Partis parmi les derniers, Françoise et moi sommes allés saluer Jacqueline pour la remercier d'avoir mis sa demeure à notre disposition.
À ma grande surprise, celle-ci me répondit : "Michel Dumoulin, je vous connais depuis bien longtemps, vous alliez à Rozier...  ... ...". Effectivement, lorsqu'elle était petite fille, elle allait en vacances à Rozier-Côtes-d'Aurec (300 habitants, magnifique église du XIème siècle, 30 Km de Saint-Etienne), où mes parents possédaient notre maison de vacances. L'adolescent que j'étais ne l'avait pas remarquée, mais elle se souvenait du grand mince (à l'époque) qui se baladait en solex dans le village.

Le monde est vraiment petit !!!

Je conclus en présentant à Jacqueline l'assurance de mon plus sincère soutien dans ces douloureuses circonstances."
 
 
Didier Charlet l'a bien connu, depuis la sortie de l'École.

"En effet une très mauvaise et très triste nouvelle.
Louis faisait partie de notre "club d'investissement", à large majorité fait de camarades de la promo 1966, depuis quasiment notre sortie de l'École.
Son état de santé lui a fait manquer plusieurs réunions ces derniers mois, mais notre dernière réunion a eu lieu chez lui le 24 janvier - ce qui lui a sûrement fait très plaisir - grâce à l'énergie de Jacqueline, qui craignait une fin prochaine...
Nous l'avons en effet vu très affaibli, même s'il nous disait aller encore chaque jour à son bureau de Rungis, ce marché qui a rempli sa vie et celle de sa famille, une famille unie et élevée dans le respect des valeurs chrétiennes et dans l'attention portée aux autres.
 
Au Jubilé
 Il parlait encore avec gourmandise de son métier et des fruits importés en France par la société Omer-Decugis depuis plusieurs dizaines d'années, dont il nous aura régalés bien souvent.
Il était une "figure" de ce marché de Rungis.
 
Louis a toujours été un ami fidèle, simple, direct, et souriant. Lorsqu'il nous accueillait, comme il l'a fait avec la promo entière lors de notre "jubilé", c'était toujours avec une chaleur et une simplicité qui cachait le mal qu'il se donnait pour que tout soit parfait.
Pour résumer, je dirai simplement que Louis était "quelqu'un de bien", même si ce qualificatif me paraît faible.
Louis va me manquer, comme il va manquer à tous ceux qui l'ont connu.

Bien amicalement."

 

De même, Jacques Barret nous livre quelques souvenirs marquants.

"N’ayant pu être au Jubilé, notre dernière rencontre, pour Odile et moi, avec Louis et Jacqueline, remonte au 40ème anniversaire à Toulon. Elle fut la joyeuse occasion d’évoquer de nombreux souvenirs communs. Je n’en reprendrai ici que quelques-uns.

Ceux du « Comptoir 34 ». Louis, un peu « distancié », ne parlant certes pas « pour ne rien dire », à l’humour discret, mais vif. La campagne présidentielle de 1965 dans laquelle il m’entraîna.
 
Dans le Golfe d'Ajaccio en Juillet 2012
Ceux de la « Royale » à Toulon. Louis était, des nombreux HEC 66 servant dans la Marine, un des plus discrets, ayant dans la région des repères familiaux. Affecté, comme professeur d’anglais, à l’école des Officiers Transmissions des Bormettes, il était le mieux placé d’entre nous pour être, sur le Croiseur Colbert, l’Officier du Chiffre du Général de Gaulle lors de son voyage au Québec, et, à ce titre… chiffrer son message de félicitations à Malraux pour ses « Antimémoires ».
Ceux des « Années Tignes » ensuite. Un Paris-Tignes nocturne, pour se mesurer, dès matin, avec Louis – imbattable ! - et François Martin, sur les pistes. Puis, avec Jacqueline, déjà connue à Toulon, et par la suite Odile qui devint mon épouse, plusieurs joyeux séjours dans l’appartement du Val Claret, à Tignes.

Certes, repris par Paris, la vie professionnelle, les enfants venus, nos rencontres se firent de moins en moins fréquentes, jusqu’à ces heureuses retrouvailles, Toulon, 2006.

Je garde de Louis le souvenir d’un homme à la très grande sincérité. Homme de mesure, de profonde humanité, voire d’une humilité probablement liée à sa foi, très généreux.
Souvenirs d’un très agréable compagnon d’études, puis d’une bonne amitié, qui nous apporta celle de Jacqueline, vers qui vont nos meilleures pensées."

 

Pierre Roger-Machart, notre camarade de la promo 1965, l'a longuement accompagné dans son soutient de 20 ans aux enfants atteints de cancer en Afrique.

Course "Enfants sans cancer" en 2014
"L’association Groupe Franco-Africain d’Oncologie Pédiatrique (GFAOP) a perdu Louis Omer-Decugis, son Administrateur et membre de son Bureau.

C'était un homme de grande valeur, qui a donné beaucoup au GFAOP et participé activement à son développement avec sincérité et efficacité. C’était un ardent défenseur de la cause des enfants atteints de cancer en Afrique, un grand homme, efficace, discret, un homme de compromis, ne s’énervant jamais.

Il a énormément fait pour les enfants africains atteints de cancer.
Nous perdons un grand homme, un ami de l’Afrique et l’un des bâtisseurs du GFAOP.

Né en 1944, il était diplômé d’HEC, marié avec 4 enfants.

Du fait de ses activités professionnelles, Louis portait un intérêt particulier à l’Afrique francophone en tant que fondateur et Président de la Société Internationale d’Importation (S.I.I.M.), se consacrant à l’importation de fruits exotiques, avec comme principaux pays-source la Côte d'Ivoire, le Cameroun, le Bénin, le Sénégal, le Mali, le Burkina-Faso, le Kenya, l’Equateur et le Brésil.

Du fait de son tempérament généreux, il avait une prédisposition à s’intéresser à des thèmes comme ceux du GFAOP. Et du fait de ses relations de camaraderie, matérialisées notamment par des footings chaque samedi matin avec ceux d’entre nous qui avaient déjà rejoint le GFAOP dès 2000, il accepta d’en faire partie en 2004 lorsque nous le lui avons proposé.


Ayant fait alors la connaissance du Pr Jean Lemerle, le Président d’alors, onco-pédiatre à l’Institut Gustave Roussy, une relation d’estime réciproque se créa, ce dernier appréciant particulièrement les avis de ce chef d’entreprise qui avait fait la preuve de ses capacités dans son action professionnelle en Afrique francophone. Ce fut plus encore le cas avec le Pr Harif avec lequel une profonde relation d’amitié se créa, qui dura jusqu’au dernier jour.

Ayant professionnellement à aller en Côte d’Ivoire, Louis ne manquait pas de rendre systématiquement visite à l’Unité d’Oncologie Pédiatrique (UOP) de Treichville pour travailler avec les oncologues et voir comment les aider. Et il trouvait un grand intérêt à accompagner le Pr Harif et le Dr Patte dans leurs visites aux UOP : Bamako, Yaoundé, Ouagadougou, Abidjan, Tananarive, Dakar, Kinshasa, et Ouagadougou en 2019.
Il se réjouissait d’aller à Abidjan pour les journées du GFAOP de février 2024, mais son brusque décès l’en empêchât.

C’est à son initiative qu’a été créée la première maison de parents à l’UOP de Treichville, avec l’appui de la fondation Lalla Salma, de l’association Soleterre, et de l’association de soutien locale Aide aux Enfants atteints du Cancer (AEC). C’est aussi grâce à son appui que la maison de parents "Les Jeannots" à Kinshasa a pu commencer à fonctionner et que la maison de parents de Ouagadougou a été choisie. 

Il participait très activement et généreusement à la recherche de fonds, notamment pour permettre les envois de médicaments aux Unités d’Oncologie Pédiatrique. C’était un très grand donateur, qui, avec sa Fondation d'entreprise et les membres de sa famille, nous a beaucoup aidés.
Une belle personnalité nous a quittés.
Il fait partie de ces hommes qui laissent une trace de leur passage ici-bas. Le GFAOP a eu la chance de connaître et de bénéficier de ses talents et de son énergie.

S’il nous a quitté, il ne quittera pas nos mémoires."
Pierre Roger-Machart
 
 
 
 NON ! 
 
Contrairement à ce que laisserait penser cette photo, Louis n'a JAMAIS été patron de chalutier !
 
C'est seulement une bien belle photo de lui, prise lors d'un voyage familial en Suède.

 (Ajout de votre Blogmaster) 
 
 
La société Omer-Decugis & Cie a publié un communiqué de presse chaleureux.
Consultez-le en cliquant ici


mardi 20 février 2024

7 au 14 octobre 2023 - Voyage au Sultanat d'Oman

Le voyage au Sultanat d'Oman a été passionnant, en ce sens que nous avons découvert un pays bien différent de ce que nous imaginions avant notre départ.


 

Nos photographes, Pierre et Marie-Thérèse Bouchet, Jean-Baptiste et Sophie Darrigade, Jean-Jacques et Renée Decléty, Denis et Christine Gindre, Philippe et Christine Lapierre, ont été prolifiques : nous avons rassemblé 748 photos !
Après les avoir mises en ordre chronologique, il a fallu faire des choix, parfois difficiles, pour réduire ce nombre à 282 photos et 8 aquarelles de François d'Hauteville, et ainsi composer un album photo à peu près équilibré.
 
Pour le blog, notre sélection a été un peu moins drastique : nous avons conservé
360 images, aquarelles incluses.
 
Nous avons passé beaucoup de temps à retrouver les lieux de nos aventures et les reporter sur la carte, et aussi à essayer de bien comprendre certains aspects du passé et de la culture d'Oman, pour vous les transmettre clairement.
 
Chers participants au voyage, l'album photo que vous avez reçu est le condensé de ces 4 mois de travail que votre délégué a mené à bien avec un plaisir de tous les jours.
 
Chers camarades qui n'ont pu participer au voyage, plongez-vous dans ce merveilleux Sultanat d'Oman ! 
C'est simple, il suffit d'un clic :
    Sur l'onglet  "2023 - Oman"
    Ou ici
 

samedi 13 janvier 2024

Nouvelles photos autour du déjeuner du 8 décembre 2023

Dominique Fortier nous a envoyé toutes les photos qu'il a prises le 8 décembre à l'Auberge du Bonheur. 
Elles sont un chouette complément à celles de Jean-Baptiste Darrigade.

 Pour les afficher, cliquez ici

 

samedi 30 décembre 2023

Déjeuner du 8 décembre 2023

Le 60ème anniversaire de notre entrée à HEC fut une bien belle célébration, comme nous le raconte Olivier Devergne :


« Pour rappeler qu’il y a 60 ans, la plupart d’entre nous, la promotion HEC66, intégrions l’école sans savoir encore que nous serions la dernière promotion à suivre son cursus boulevard Malesherbes, nous avons placé notre déjeuner annuel sous le signe de cet anniversaire.


Organisé remarquablement par Jean-Pierre Richard, nous nous sommes retrouvés 66 (et oui, comme un fait exprès !), quelques impératifs de dernière minute ayant empêché 6 d’entre nous de nous rejoindre.

 
Le Covid ou la grippe furent pour certains la cause de leur absence et nous leur souhaitons de se remettre rapidement ; pour d’autres, la « grande faucheuse » a atteint leur entourage proche et nous partageons leur chagrin.
  

Le cadre de l’Auberge du Bonheur, au Bois de Boulogne, amélioré par une structure démontable, nous a permis d’avoir un espace privatisé favorable aux échanges informels pour le verre offert avant de passer à table.

 

Il convient d’ajouter que plus de 100 camarades ont répondu à cette invitation sur les 219 adresses que je possède. Je les en remercie.

L’ambiance était détendue, nos récents auteurs, Yves Medina et Olivier Brancher, ont pu présenter leurs ouvrages et les dédicacer.

Nous avons pu ébaucher le programme pour 2024 avec un voyage dans les Pouilles qui séduit un bon nombre d’entre nous.

Et nous nous sommes promis de nous retrouver l’an prochain au même endroit s’ils acceptent toujours de nous accueillir !

Olivier Devergne

Jean-Baptiste Darrigade et Dominique Fortier ont photographié des instants de cette fête.
Pour voir les photos, cliquez ici.


mardi 27 juin 2023

19 au 23 juin 2023 - Balade autour d'Evian

De Haute Savoie en Valais,
du XXIème au XIIIème siècle,
de Voltaire à Saint Nicolas et Notre Dame,
de la chaleur indolente du lac à la bise furieuse des sommets,
du soleil souvent éclatant à l'orage dévastateur,
du luxe de notre charmant hôtel et de repas fameux au dépouillement d'un trek panier-repas,
 
notre balade autour d'Évian-les-Bains du 19 au 23 juin 2023 a été une délicieuse découverte, superbement organisée par Anne et Christian Vulliez (qui y ont sacrifié une partie de leur cave de vins d'exception), magnifiquement illustrée par le diaporama d'Annie Hennel.


En bref, ce fut une "expérience participative multisensorielle", pour employer les mots à la mode, dans le plaisir et la joie d'être ensemble.

Retrouvez ces moments de bonheur en consultant le diaporama d'Annie Hennel, ici,
et le diaporama des photos des participants, par Annie Hennel, ici

Pour en savoir plus, cliquez sur l'onglet "2023 - Savoie", ou cliquez ici.

mardi 9 mai 2023

Jean-Claude Roujon, un esthète passionné d'art

Début avril 2023, Olivier Devergne nous a fait part du décès de Jean-Claude Roujon :

"Chers amis,

J’ai le regret de relayer une annonce parue dans le Figaro nous apprenant le décès de notre camarade, Jean-Claude Roujon, le 22 mars 2023.
Célibataire, il était un amateur d’art et sa carrière résumée dans le trombinoscope de l’an 2000 le montre bien.
Jean-Claude Roujon (1er plan) et Pierre Estrade (2016)
Je crois me souvenir d’un bref échange au cours duquel il me semble qu’il m’avait proposé la visite de son appartement, qui devait ressembler à un musée.
 
Amitiés"
Olivier Devergne
PS : Merci à ceux qui l’auront connu de me faire parvenir un témoignage à publier sur notre blog.


Le 3 mai, Pierre Estrade, un camarade de la promo 67, ami très proche de Jean-Claude, lui a ainsi répondu :

"Bonjour à nouveau,
Voici le texte pour Jean-Claude. Le temps d’une lecture, il va revivre pour votre promotion.
Bien à toi" 
 
Pierre a lu ce texte aux obsèques de Jean-Claude en la chapelle Sainte Bernadette, rue d'Auteuil à Paris.

"Jean-Claude, pour ton amour du Grand Siècle, tu aurais mérité une oraison funèbre de Bossuet.
En ce début de XXI
ème  siècle, ce sera un simple et sincère hommage de tes amis.

Hommage à l’homme Jean-Claude
Hommage à l’Ami,
Hommage à l’Esthète,
Hommage au Chrétien.

A ta naissance, les fées ne semblaient pas s’être penchées sur ton berceau. Ton père - que tu allais perdre très tôt - et ta mère vivaient très modestement dans la loge du 4, rue Agar, où tu fus fils unique.
Mais l’école républicaine du mérite et ton travail t’ont donnés et culture et diplômes. Le baccalauréat à Jean-Baptiste Say et une grande école ensuite : HEC en l’occurrence. Tu fus de la dernière promotion à Paris en 1966, alors que je fus moi-même de la première sur le campus de Jouy-en-Josas en 1967. Nous ne nous y croisâmes donc pas et ce ne fut que partie remise.
A la même époque, les fées se ravisèrent et tu héritas du bel immeuble du 4 rue Agar. Toutes les portes s’ouvraient !

Tu commenças ta vie professionnelle par la banque au Crédit Lyonnais où tu te passionnas pour la bourse, mais où, surtout, tu créas un département d’investissement en œuvres d’art avant de voler de tes propres ailes.

Tu as choisi comme adresse de courriel « arsprimae », ars primae. Tout y fut subordonné. Tu ne fondas pas de famille, même si tu fus, à un moment, quasiment fiancé à Béatrice. Ce fut le rival, l’amour de l’art qui l’emporta.
Il n’y eut pas d’enfants de ton sang, mais les filleuls de ton cœur.

Et les amis restèrent. Ils ont été nombreux et beaucoup furent fidèles. Certains sont déjà partis. Aujourd’hui il en reste quelques uns ici qui gardent aussi le souvenir de Christian, de Jacques-André, de Sylvain...
Trois fois par an – mais pas seulement – tu nous réunissais pour de rutilants dîners aux chandelles, dans de la vaisselle de porcelaine, des verres de cristal avec une carte d’amitié bien choisie.
Ce n’était pas les copains d’abord – l’art était en tête – mais presque. À Noël, nous écoutions Dranem ou Sarah Bernardt sur le vieux gramophone à pavillon et à manivelle. À l’automne, c’était le lièvre encore farci par les plombs du chasseur, mijoté par ta maman Suzanne, et au printemps, une débauche de fleurs. Et les bonnes bouteilles remontaient de ta cave.
Tout cela dans un décor de musée qui va bientôt, hélas, disparaître avec toi. C’est la double peine.

Ce qui nous amène à l’esthète, presque à un personnage de l’écrivain symboliste Jean Lorrain. Mais pas au point du des Esseintes de Huysmans.
Découvrant la Côte d’Azur avec ton ami Christian, tu fus ébloui par Saint-Jean-Cap-Ferrat et tu décidas qu’il n’y avait pas de plus bel endroit au monde. Ce qui est recevable. Pourquoi alors passer ses vacances ailleurs ? 
Depuis une soixantaine d’années sans exception, tu partais le 1er samedi de juillet avec ta maman pour une villégiature de 3 semaines à l’hôtel Brise Marine et son annexe la plage de la Paloma. Cette année, malgré ta maladie, tu n’y avais pas renoncé et avais retenu ta chambre en versant des arrhes. Ce sera bien triste de devoir annuler cette réservation.
Saint-Jean-Cap-Ferrat aura été l’exception dans ta vision esthétique du monde. Tu n’étais pas sensible au spectacle de la nature et pourtant tu célébrais le plus bel endroit de la terre. Peut-être parce qu’il ressemble à un tableau classique !

Tu avais aimé la littérature, mais tu avais fait le plein à l’école. Tu es devenu plus bibliophile que lecteur et tu retrouvais les Belles Lettres dans ta passion pour le théâtre. Que de pièces nous vîmes grâce à tes diligences ! Lors d’une fête du livre, je demandais à Jean Piat de te dédicacer son livre de souvenirs par un « à Jean Claude, 50 ans de théâtre ». Surpris, il crut qu’il s’agissait d’un acteur qu’il ne connaissait pas et je lui précisai : dans la salle ! Il avait apprécié cette communion, car sans spectateurs, pas d’acteurs.
Tu te délectais aussi de musique et plus particulièrement d’art lyrique. Et là ! nous pensons tous en même temps : Offenbach. Pas seulement, mais principalement ; et de ce fait nous sommes tous devenus des connaisseurs avertis de la Belle Hélène et de la Périchole.

Avec les Beaux Arts, tu deviendras un professionnel. Il y eut d’abord « A l’enseigne des Arts »  puis « Tableaux et Patrimoine » qui eurent leur siège Place Vendôme, modestement dans les étages sur cour, puis somptueusement dans la voisine rue Gomboust, avant de se rapatrier rue Agar. La sculpture ne t’intéressait pas ; tout ton élan allait à la peinture. Ton appartement était devenu une pinacothèque où dominaient les écoles des 17ème - 18ème - 19ème siècles classiques. Tu ne dédaignais pas les Impressionnistes et tout ce qui a suivi, mais ton enthousiasme s’arrêtait à Corot. Corot qui aurait pu peindre Saint-Jean ! Tu n’étais cependant pas fermé à l’art moderne et tu appréciais l’expressionnisme d’un Soulages ou d’un Basquiat. J’ai même réussi à t’intéresser à l’avant-garde féminine russe au point que tu fasses commerce avec la cubiste Lioubov Popova.  

Bien entendu, tu étais sensible à l’architecture. Plus aux palais qu’aux châteaux, à cause des décorations intérieures. Chaque année, c’était le pèlerinage de Fontainebleau où tu passais 2 à 3 jours.
Et les églises et cathédrales - romanes, gothiques ou classiques - ferment la liste. Tu les admirais pour leur beauté et pour la ferveur qu’elles t’inspiraient.

C’était la ferveur du chrétien fidèle que tu as été tout au long de ta vie qui s’achève en ce lieu. Tous les dimanches en la chapelle des Orphelins Apprentis d’Auteuil, tu assistais à l’office auquel tu participais activement. Te voici maintenant au seuil de la vie éternelle où tu vas rejoindre ceux que tu as aimés.

Adieu Jean-Claude."

Pierre Estrade 
 
 
Le 4 mai, Olivier Devergne a reçu un témoignage de notre camarade Jacques Monbeig :

"Cher Olivier,
Je réponds un peu tardivement à l’annonce du décès de Jean-Claude Roujon.
 
J’ai d’excellents souvenirs de notre camarade.
 
Nous étions voisins à Paris et avons pratiqué le covoiturage pendant quelques mois en deuxième année. Jean-Claude était très érudit et aimait beaucoup l’opéra (*) ; il m’a fait profiter de quelques-uns de ses 78 tours.
 
Le covoiturage a cessé lorsque j’ai rencontré Dominique. Menant alors une vie moins centrée sur les amphis du Boulevard Malesherbes, je me suis retrouvé avec des cahiers verts qui contenaient des trous béants. Jean-Claude m’a prêté ses propres cahiers avec un sourire indulgent mais narquois, et Dominique a recopié les nombreux chaînons manquants. Heureusement que les examinateurs n’ont pas remarqué les écritures différentes !
Les cahiers à trous étant nombreux, Alain Boulengier a prêté le reste, avant de devenir le parrain de notre fille.
J’ai déménagé après mon mariage et Jean-Claude et moi nous sommes perdus de vue, ce que je regrette car il était de très bonne compagnie."
 
Jacques Monbeig

(*)
Note du Webmaster : Jacques Monbeig est un passionné d’opéra


mercredi 3 mai 2023

Visite à l'Abbaye de La Trappe

Le 11 avril 2023, Olivier Florant et Philippe Percheron ont rendu visite à notre camarade frère Benoît Gonzague Duprez à l'abbaye de La Trappe, à Soligny-La-Trappe, dans l'Orne.

Grands sourires !

En votre nom à tous, votre Blogmaster en profite pour transmettre à frère Benoît nos amitiés fraternelles.